Dans l’article « L’armée de Philippe Auguste », publié dans La France de Philippe Auguste - Les temps de mutations, Colloques internationaux CNRS n°602, 1980; Philippe Contamine écrit qu’entre 1180 et 1220 « on recourut au moins pour la protection de certains chefs, qu’on désirait invulnérables, fût-ce au prix de leur immobilité sur le champ de bataille, à des plaques de métal (ou de cuir bouilli) destinées à renforcer le haubert de mailles. » Guillaume le Breton fait plusieurs fois allusions à ces protections :
- La Philippide, chant XI, vers 116-132 « […] tant chacun des chevaliers a recouvert ses membres de plusieurs plis de fer, et enfermé sa poitrine sous les cuirasses, des pièces de cuir, et d’autres sortes de plastrons. »
- Gesta Philippi Augusti. Dans le passage où Girard la Truie attaque Othon. « Girard la Truie qui était auprès, lui donna d’un couteau parmi la poitrine et quand il vit qu’il ne le pourrait transpercer [à cause de l’épaisseur des armures dont son munis les guerriers de notre temps et qui sont impénétrables] ». Philippe Contamine pense que sur son haubert Othon porte des plaques.
- Au passage où Philippe Auguste se fait attaquer par des crocs, Guillaume le Breton précise : « Si la souveraine vertu et l’armure spéciale dont son corps était garni ne l’eussent garanti, ils l’eussent là occis. »
- Dans la Philippide, Guillaume le Breton décrit un duel entre Guillaume des Barres et Richard, comte de Poitiers qui a eu lieu en 1189 : « Rassemblant toutes ses forces, il (Guillaume) frappe de sa lance de frêne le bouton qui fait saillie au milieu du bouclier de son adversaire, et lui-même est atteint d’un coup tout aussi vigoureux, dont Richard le frappe de sa droite ainsi l’une et l’autre lance vont à travers les boucliers chercher le corps qui en est couvert ; dans leur audace, elles percent le premier plastron (Philippe Contamine traduit à la place par « gambeson »), et font sauter en éclats une triple cuirasse (haubert). Ardentes à se porter en avant, à peine sont-elles arrêtées par une nouvelle cuirasse fabriquée en fer cuit deux fois, dont chacun des combattants avait eu la précaution de recouvrir sa poitrine. Là, les deux lances ne pouvant supporter tant de résistance, se brisent, et rendent, en éclatant, un son clair et retentissant. ». (La Philippide poème par Guillaume le Breton, collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, Paris, 1825, p.85.)